À l’automne 2020, à la suite d’un grand confinement malheureusement propice à la réflexion, j’ai intégré un syndicat d’artistes-auteur·ices et un collectif de recherches œuvrant à l’émancipation des travailleur·euses de l’art.

Cet engagement protéiforme nous amène à travailler sur différentes temporalités, allant de l’aide concrète et immédiate des travailleur·euses culturel·les à une observation plus globale du système économique de l’art. De cette analyse découle des propositions visant à mettre en place de nouveaux modèles comme une Sécurité Sociale de la Culture ou une continuité de revenus pour les artistes-auteur·ices. Ces propositions permettent d’ouvrir un débat démocratique sur la place de la Culture et des artistes dans la société ainsi que sur celle du droit d’auteur à l’heure de l’avènement d’algorithmes génératifs qui s’apprêtent à bouleverser notre rapport à l’art.

À travers ce travail, je prolonge les réflexions soulevées par ma pratique mais depuis un angle juridico-économique – me permettant ainsi de travailler à une toute autre échelle. Les codes et règles de l’art sont une fois de plus interrogées et de nouveaux imaginaires sont créés. Cette ouverture du champ des possibles nous amène à redéfinir le travail artistique et sa valeur tout en élargissant ces observations au travail en général.

Ces recherches ont également alimenté ma pratique plastique que ce soit au niveau pictural, avec l’arrêt de la production d’objets et l’intégration d’une réflexion sur le développement durable, ou en ce qui concerne les sujets abordés. En effet, plusieurs collectifs éphémères avec lesquels j’ai travaillé ont voulu se saisir de nos conditions de vie et de travail et les rendre apparentes. Les formes ainsi créées servent de support de discussions lors des rencontres avec les publics afin que nous puissions nous saisir collectivement de ces enjeux.

Ce travail de dissipation de la brume mythologique qui enserre les artistes permet de visibiliser nos réalités et de poser un regard critique sur des normes problématiques que nous subissons quotidiennement comme la concurrence ou le travail gratuit. Le partage de nos vécus et de nos expériences ayant pour but de provoquer un changement sur le réel et ainsi de poursuivre une longue tradition de réconciliation entre l’art et la vie.